La succession de beau temps et de pluie diluvienne que nous subissons cet été est, de par sa nature, une ironique métaphore de nos existences; un jour ça va bien, le lendemain, c’est la merde totale… Ces changements, avec tous les efforts d’adaptations qu’ils demandent, sont le lot de notre quotidien : on passe d’un état à un autre; j’ai parfois l’impression de subir ma vie, une vie où je serais en recherche constante d’équilibre.
Certains points de repère pourtant persistent à donner une cohérence aux vicissitudes de l’existence, la mémoire est ainsi d’un grand secours. Par exemple, le dernier accrochage à la frontière Liban/Israël me fait me remémorer images, odeurs, sons, émotions et sentiments qui sont autant de points d’ancrage et donnent un sens au chemin parcouru et qualifie déjà celui à faire.
Lors d’une présentation de mon dernier film, Chroniques de Palestine, à un groupe d’étudiants du secondaire, un élève s’enquiert de mon rapport à la peur, lorsqu’on est engagé dans un travail journalistique en terrain de guerre. Je lui expliquais que selon moi, il y a dans la vie les petites peurs tels le manque d’argent, les diverses blessures résultant d’actions pas toujours accidentelles et, en ce qui concerne le cinéaste en Palestine, recevoir une balle ou une roche par accident… Et puis, il y a les grandes peurs, celles qui font vraiment mal: l’alcoolisme et les dépendances, la maladie chronique, les troubles psychiques et la perte d’un proche, d’un être aimé. Peut-être que l’élève ne comprit pas immédiatement, mais j’avais moi, la certitude qu’il comprendrait un jour.
Il faut être doté d’une force peu commune pour accepter la pluie à chaque jour de la vie, et encore plus solide pour garder en soi l’espoir qu’après la pluie viendra le beau temps. J’ai un ami dont le fils, aux prises avec un cancer, vient de recevoir de mauvaises nouvelles. À toi mon ami, et à tous ceux qui se reconnaissent ici, une pensée d’espoir, à la manière d’une prière pour que la peur n’aie pas d’emprise sur vous…
Homme à tout faire 